– À Jean-François Petit, pâtissier, chocolatier –
– À Marie-Odile et Aurore –
Sur les feuilles mouillées, la Lune se reflète,
La petite boutique sera bientôt fermée ;
Une page de vie qu’on s’apprête à tourner.
Avec elle une époque entière disparaît,
Un Paris laborieux aux multiples facettes
Dont les fils invisibles durablement tissaient
Entre les personnages de cette galerie
Des liens qui lui donnaient un autre état d’esprit.
Cette pâtisserie où l’on se retrouvait
Avec tant de plaisir, et depuis tant d’années,
Avait le goût du bon, avait le goût du vrai.
Dans la rue Rochechouart, sa vitrine inspirait,
Avec ses chocolats, ses desserts meringués,
Ses cakes, ses ganaches, brioches et rochers,
Bûches et pithiviers, tendres marrons glacés,
Et ses boîtes de thé joliment alignées.
Sa devanture unique en bois peint rehaussé
De calligraphie d’or sur un beau bleu profond
Avait bien fière allure, et portait haut le nom
Qui la représentait. Temple du fait maison,
Quantité de merveilles aux saveurs atypiques,
Subtiles, variées, aux parfums authentiques,
Œuvres originales d’un artiste discret,
Régalaient les papilles des visiteurs gourmets.
Boiseries patinées au doux charme d’antan,
Lumières tamisées et décor à l’ancienne,
Lustre orné de cristaux, vases de porcelaine,
Produits de qualité, artisan de talent ;
Une famille unie, dévouée à l’enseigne,
Se relayait suivant l’urgence du moment ;
Un trio étonnant, sincère et attachant,
Assurant le service et nouant volontiers
Des liens privilégiés avec la clientèle.
Dans ce lieu merveilleux, les gâteaux colorés
Trônaient, appétissants, sous nos yeux enchantés,
Offrant un univers différent pour chacun,
Rendant plus difficiles les choix qui nous guettaient
Malgré des étiquettes joliment dessinées,
Finement manuscrites, détaillant avec soin
L’arôme et l’origine des éléments cités
Pour mieux nous emporter dans cette traversée.
Sablés à la lavande, cannelle ou mimosa,
Pistache ou géranium, coco, raisin, cédrat,
Ou pétales de roses, jasmin, fleur d’oranger,
Muffins et macarons, tartes noisettes-noix,
Abricots et lavande ou soufflées aux groseilles,
Entremets délicats de mangue veloutée
Soulignée de framboise, pamplemousse léger,
Ou cassis et passion, chocolat-violette ;
Tant de spécialités, pour qui passait par là,
Mettant l’eau à la bouche et le cœur à la fête.
Pour le maître des lieux, l’heure a pourtant sonné
De prendre enfin le temps d’un repos mérité,
Après trente-huit années d’un travail remarquable
Dans ces murs habités, vibrant des mémorables
Souvenirs engrangés, rencontres de prestige
Et défis audacieux de très haute voltige,
D’un métier suscitant, à la croisée des mondes,
L’intérêt de ceux qui, de dix lieues à la ronde
Ou de juste à côté, venaient pour déguster
Ses délices rêvées, gourmandes à souhait,
Dont les notes florales aux fruits se mariaient
Dans des mélanges phares, d’épices relevés.
Mais pour nous qui l’aimions, et les habitués
Qui avaient trouvé là un îlot d’amitié
Au cœur de cette ville pleine de gens pressés,
Aurore Capucine laissera des regrets.
Pâtisserie Aurore Capucine,
3 rue Marguerite de Rochechouart, Paris 9e.
Avis aux amateurs de la région parisienne, ou de passage à Paris,
il vous reste encore quelques semaines pour découvrir cette pâtisserie d’un autre temps.
La fermeture définitive d’Aurore Capucine est prévue, hélas, à la fin du mois de décembre…

Avis aux amateurs de la région parisienne, ou de passage à Paris, il vous reste encore quelques semaines pour découvrir cette pâtisserie d’un autre temps.
La fermeture définitive d’Aurore Capucine est prévue, hélas, à la fin du mois de décembre…