L’espace d’un instant

L’espace d’un instant j’ai dû cesser de croire,
J’ai pensé : À quoi bon user tant de mouchoirs ?
A quoi sert la patience quand s’achève l’espoir ?
 
L’espace d’un instant, j’ai dû perdre de vue
La petite lueur qui brille dans le noir
Et qui guide nos vies lorsque rien ne va plus.
 
L’espace d’un instant j’ai dû prendre conscience
Qu’il faut bien peu de temps pour que la tolérance
Révèle ses limites et laisse dans notre âme
La pathétique vague de la désespérance.
 
L’espace d’un instant j’ai dû perdre confiance,
J’ai dû réaliser que tout cela est vain,
Que rien n’est à attendre dans le camp des humains,
Hormis ce jeu de dupes et son triste théâtre.
 
L’espace d’un instant j’ai regardé les quais,
Les grands rails métalliques placés en contrebas
Et j’ai compris pourquoi certains sautent le pas,
Se jetant sur la voie dans les cailloux noirâtres.
 
L’espace d’un instant j’ai oublié l’été,
J’ai pensé que peut-être c’était le bon moment,
Que la fin est plus douce qu’une vie de tourments
Et qu’il est plus commode d’en choisir la façon,
Arrêtant pour de bon la ronde des questions…
 
L’espace d’un instant j’ai pensé aux enfants
Et j’ai arrêté là mes tergiversations.

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